
les articles du Tamanoir
mai 2015
(AVRIL 2015)
D'aussi loin que l'on se souvienne, on a toujours entendu dire que nous étions en train de tuer cette planète, que des hommes mouraient de faim aux quatre coins de la Terre, que c'était des enfants qui cousaient nos chaussures, et j'en passe et des pires. Mais qu'avons-nous fait de tout cela si ce n'est emmagasiner dans un coin de notre cervelle l'idée que notre monde partait en lambeaux et mettre en réserve toute l'agressivité créée par ces messages indésirables pour les moments où il nous faut nous justifier à nos yeux du trop que nous possédons face à ceux qui manquent de tout ? En vérité, peu d'entre nous ont voulu, et su, trouver la réponse adéquate à ce type d'agressions qu'il nous paraissait injustifié de nous adresser, nous qui n'étions pas les méchants de l'histoire. Ce que l'on oublie souvent quand on en aurait besoin, c'est que ce n'est pas parce que plusieurs fourmis portent un bâton que l'une d'elle peut se tourner les pouces. Autrement dit, ce n'est pas parce que le problème concerne beaucoup de monde qu'on peut s'en désintéresser. Il n'y à qu'un moyen à notre portée de faire avancer le schmilblick : c'est que chacun d'entre nous, dans le domaine que le vie lui a attribué, fasse toute chose au mieux, avec droiture, et en cherchant l'intérêt commun. En ayant bien en tête que chacune de ces actions est un galet jeté dans une mare et le débordement, causé par l'accumulation de toutes les pierres offertes à la juste cause, est un pas vers un monde meilleur....
Mais pourquoi secouer encore les cœurs et les esprits des honnêtes gens ? C'est qu'aujourd'hui, quelque part en République Démocratique du Congo, de sombres tunnels enchainent nos joies aux destins misérables des mineurs de Nantale.
De jour comme de nuit, des hommes risquent les battements de leur cœur dans une fournaise irrespirable pour dérober au roc l'ingrédient indispensable à tout téléphone portable : le Tantale. C'est donc pour satisfaire à la frénésie consommatrice que, le plafond des mines à peine étayé de planches de bois s'écroulant régulièrement sur les piocheurs, des femmes attendront à jamais le retour d'hommes dont les corps gisent, disloqués sous le sol nourricier qui a fermé les yeux de leurs détresses. C'est pour cela aussi que des enfants de même pas quinze ans descendent dans les ténèbres, vendant leur journée de treize heures de poussier contre le prix d'un beignet. C'est parce que quelque part, en ce moment, quelqu'un tait sa conscience pendant qu'un autre encaisse les bénéfices que rapporte cet or minéral ...
Mais géniaux ingénieurs, jardiniers joviaux, soucieux socialistes et pensifs penseurs, à quand votre téléphone issu du commerce équitable ?
Plus c'est gros plus c'est beau
(avril 2015)
Tout le monde a entendu parler de l'éclipse solaire du Vendredi 20 Mars 2015 annoncée entre 10h et 11h du matin, heure française. Mais rentrons tout de suite dans le vif du sujet : répondez honnêtement, qui a vu de ses propres yeux l'éclipse susnommée ? Bien peu nombreux sont ceux qui peuvent répondre de leur nom. Mais pourquoi ? C'est la question que nous nous sommes posée. Car en effet, pourquoi a-t-on voulu, sous d'odieux prétextes de santé publique, parquer des centaines de personnes dans des lieux privés d'ouvertures durant l'alignement des trois astres ? Bien que l'hypothèse que nous allons vous présenter soit effrayante, nous avons bien dû nous rendre à l'évidence que c'était là la seule réponse satisfaisante. Pour la comprendre, il faut d'abord savoir que depuis quelques dizaines d'années les gouvernements les plus puissants de la terre maîtrisent les technologies nécessaires au contrôle des événements météorologiques. A côté de cela, on nous apprend aujourd'hui qu'il y a de grandes chances pour que le court-métrage montrant les premiers pas de l'Homme sur la Lune ait été filmé dans un désert américain... S'il est ici fait mention de ces deux hypothèses, c'est pour que vous réalisiez à la fois que l'homme a accompli dans de nombreux domaines d'énormes progrès technologiques qui n'ont pas été portés à la connaissance publique ; mais aussi que des choses incroyables, dont le temps trahit petit à petit le secret, ont été cachées au Monde. Sachant tout cela, la réponse à la question de départ arrive d'elle-même. Pourquoi n'a-t-on pu voir cette éclipse ? Et bien parce qu'elle n'a pas eu lieu. Mesdames et Messieurs, nous subissons actuellement la plus grande machination de tous les temps car, sachez-le dès à présent, ce que nous prenions jusqu'ici pour l'Univers n'en est qu'une pâle copie; nous vivons dans un gigantesque studio. Nous vivons sous cloche, et ce que nous appelons "Humanité" n'est en fait qu'une portion suffisante d'hommes et femmes de tous âges, servant de population test pour le lancement de nouveaux produits, de nouvelles techniques, de nouvelles idées... Tout ce que nous connaissons ressemble suffisamment au monde extérieur pour mettre les produits à l'essai dans des conditions similaires aux conditions réelles, mais ce n'est là que mise en scène ou illusion. Ainsi de cette soi-disant éclipse solaire dont l'apparition est très prosaïquement explicable : de temps en temps l' "astre" qui nous éclaire grille, et son ampoule superpuissante doit être changée, rendant obligatoire une extinction des feux de quelques secondes ... Après la stupeur inévitablement causée par l'annonce d'une nouvelle aussi étourdissante il est temps de passer à l'action : démasquons les complices de cette mystification et mettons fin à cette vie artificielle de cobayes bienheureux. En un mot : vivons !
Le Tamanoir
Ils vous prennent pour une pomme
démontez le lobying compotien
(mars 2015)
Je suis ici pour vous parler d'un sujet fort important et qui me tient à cœur d'autant plus que les plaintes ont afflué en nombre auprès de notre service consommateur. Je parle évidemment du subterfuge visant à faire passer aux yeux innocents du consommateur un pot de compote pour de la marmelade ! Et oui, c'est du sérieux. Il faut dire à la décharge des trop naïfs acheteurs que l'on a longtemps cru que ce phénomène ne se produisait plus que dans de lointains pays arriérés dépourvus de Service Consommateur... Vous allez probablement me demander pour quelles obscures raisons, si le fait est avéré, des individus à ce point dépourvus de scrupules pourraient vouloir berner les foules de la sorte, et surtout qui peuvent bien être ces tristes individus ? La réponse se trouve aisément dans n'importe quel vieux roman policier : «Cherche à qui profite le crime ! » Dans ce cas donc, à qui le crime profite-t-il ? C'est évident : aux marchands de compote. En effet et c'est un fait notoire, aucun être humain ne pouvant tolérer la création de compote -infâme mixture qui passe souvent par le massacre de bonnes poires ou de pauvres pommes- ceux qui tentent de les vendre sont obligés de recourir à la fraude pour y parvenir. Leur besogne est alors bien loin d'être difficile. Il leur suffit de changer l'étiquetage des bocaux et la chose est réglée, un pot de compote vient de rejoindre le rayon marmelade. Pourtant si leurs manœuvres se limitaient à cet étiquetage mensonger tout les consommateurs de marmelade se rendraient compte du subterfuge et demanderaient des comptes à qui de droit. Pour éviter ce scandale, les trafiquants de compote doivent préparer leur ignoble action par un long travail de communication réalisé en amont, visant à atténuer la vigilance de tous. Il y a pour cela trois méthodes : la diversion, l'anticipation est-ce que nous appelons la « sur-sensibilisation erronée ». La diversion est une méthode simple et qui marche toujours : craignant un tremblement de terre se soucie-t-on du goût de la marmelade ? L'anticipation consiste à modeler l'opinion publique autour de l'arnaque, ici en annonçant par exemple que la marmelade perd de sa saveur. C'est la stratégie la plus délicate en ce que, si quelqu'un en dévoile le but maléfique de l'annonceur, il est presque impossible de contrer son attaque. Enfin, la « sur-sensibilisation » qui est à la fois la méthode la plus complexe dans sa mise en œuvre et celle qui est la plus redoutablement efficace. Il s'agit de faire jouer la corde sensible du consommateur. Ainsi, en présentant sur de jolies affiches les corps bleuis des martyrs qui se battant pour la marmelade ont été bousculés par des pro-compote, on peut être assuré que le public se ruera sur la marmelade sans faire attention à ce qu'on lui vend. Plus que cela, il sera prêt à lyncher les rares éclairés qui prétendront qu'on les a manipulé. D'où l'efficacité redoutable de cette méthode. Dans tous les cas il faut agir vite, puisque, compote ou marmelade, il n'y a que les pots qui restent, eux et leurs étiquettes falsifiées, et on en vient donc à un combat entre la parole du consommateur et celle du lobby marmeladien dont on ne soupçonne pas forcément la puissance... C'est pour cela que, tant que les preuves subsistent, il est essentiel que tous les consommateurs se sentent responsables du bien commun et gardent en tous temps les yeux ouverts afin de pouvoir avertir au plus tôt notre Service Consommateurs dès qu'ils repèrent un pot de compote se faisant passer pour de la marmelade. Merci d'avance aux vigilants consommateurs qui participeront à notre œuvre pour l'intégrité de la marmelade !
Le Tamanoir
Exotisme
Accusés de racisme pour de la crème solaire
(mars 2015)
Il y a quelques mois de cela, une équipe de reporters australiens portait à l'écran un court documentaire sur les indiens d'Amazonie dans lequel on pouvait voir de jeunes indiennes Suruwaha refusant la poignée de main d'un des journalistes. En fait, un interprète découvrit quelques temps après cela que ce recul n'était dû qu'à l'effroi des indiennes devant un homme couvert d'une telle couche de crème solaire qu'elles l'avaient cru atteint d'une maladie de peau! Hélas, le reportage déjà mis en circulation, il était alors trop tard pour faire machine arrière, ce qui n'était de toute façon pas dans les projets de cette joyeuse bande de reporters qui s'ingéniait durant toute la durée du film à faire passer les Suruwaha pour une tribu de sauvages arriérés et infanticides. Pourtant, d'après un Suruwaha: "Ils ont menti sur nous... Ils ont dit que les Suruwaha tuent leurs enfants.De nos jours, les Suruwaha ne tuent pas les enfants!" Que pourrait-on répondre à une si éloquente protestation d'innocence? Il faut malheureusement préciser ici, pour la véracité de l'article, que l'immolation d'enfants à des fins religieuses fut bien une pratique courante en Amérique du Sud, mais aussi que le temps de ce genre d'atrocités est révolu depuis longtemps ! Ce qui n'a pas empêché les chaines australiennes de s'en donner à cœur-joie sur le sujet. Il faut dire que celles-ci étaient, parait-il, soutenues par des associations défendant l'adoption de "petits sauvages" de ces tribus pour en faire des personnes "civilisées". Serait-ce là la marche vers une autre "stolen generation"? Quoiqu'il en soit, ce type d'informations mensongères risque encore d'avoir un impact néfaste sur la manière dont les dirigeants locaux gèrent les droits des indiens... Et tout ça parce qu'un imbécile se tartine la figure d'écran total...
Le Tamanoir
Exotisme
(février 2015)
Une minorité de moins d’1% d’une population peut-elle posséder plus de 40% du territoire local ? Une communauté enrichie par des siècles d’esclavagisme peut-elle porter aujourd’hui sa fortune la tête haute ? A tout cela, la réponse est affirmative. Pour vous en convaincre, jetez donc un coup d’œil du côté de l’île aux iguanes, l’île aux belles filles, Madinina, ou encore la Martinique comme on la nomme par chez nous.
Là-bas, depuis que les premiers européens ont posé leurs grands pieds de conquérants, la population se fait littéralement « bananer » si je puis me permettre. En effet, la majorité de la production de l’île est faite de produits qui ne lui sont pas destinés -tels que rhum, banane, sucre ou ananas- mais sont expédiés en masse vers la métropole. Privés ainsi de moyens autonomes de subsistance, les français d’outre-mer qui y résident sont forcés d’acheter à prix d’or des produits de première nécessité venus d’ailleurs. Il faut dire que tout n’est pas mis en œuvre pour abaisser les tarifs exorbitants prétendument dus à la difficile transhumance entre l’expéditeur et l’île, bien au contraire ! Car entre l’un et l’autre se trouve l’éternel vampire des Antilles : le béké. Issu d’une langue africaine dans laquelle il signifie « blanc », le béké ou auparavant « bétjé » désigne les descendants vivants dans les Antilles des européens anciennement débarqués.Profiteur né, ce type d’individu s’est organisé en véritable mafia familiale autour de tout ce qui de près ou de loin peut rapporter de l’argent, particulièrement dans le domaine agro-alimentaire. En Martinique, cette entente se présente sous la forme d’un monopole touchant tous domaines commerçants, ce qui permet à la communauté béké de fixer ses prix comme elle l’entend et de s’en mettre plein les poches. Cette manœuvre est encore facilitée par le fait que, racistes jusqu’à la moelle, les békés ont préféré conserver leur race –d’après eux « supérieure »- pure, en ne s’épousant jamais qu’entre eux, ce qui fait que ce qui n’appartient pas à un béké appartient forcément à son cousin. C’est pas génial ça ? Et voilà, c’est comme ça que tout s’explique, et la gente béké si bien installée, ça a pas l’air parti pour changer...
Le Tamanoir